23 juillet ~ a viz Gouere 2017

Ah dimanche ! Le jour du vin fin… et des loisirs renaissants. À bord, pour la mission, ça sent la fin d’une époque. Pas encore pour tous certes ; Jozée et sa petite équipe finissent de classer les nombreux — quoique derniers— prélèvements ; Bérénice et François Lallier, à rebours, croulent sous les moules à disséquer ; on prélève encore, pour Océanopolis et d’autres, des crevettes des profondeurs. Mais de manière générale, l’activité se ralentit. L’ère des grandes manips touche à sa fin. Sur le plancher océanique, Lucky Strike rutile. Ses instruments sont super clean. Le site rayonne de toutes ses ondes. On en reçoit les premières infos. Tout baigne, si je puis dire. La mer elle-même semble déverrouiller sa surface. Hier, pour la première fois depuis des semaines, des dauphins ont percé la ligne des eaux. Mardi — déjà !— nous lèverons l’ancre. Avant le retour à Horta, jeudi 27 au soir, nous ferons une petite escale de deux jours à Menez Gwen, un site hydrothermal de moindre profondeur, 800 m, pour y prélever des moules.

Progressivement donc, on glisse vers autre chose. Simon Besançon et Daniel Cobas, nos ingénieurs sondes et OBS, habitués à la dissection d’instruments divers et variés, ont échangé leurs outils et leur place au labo pour des claviers d’ordinateurs et des bureaux. C’est le moment des rapports. Chercheurs et ingénieurs doivent rédiger au plus vite leur mémoire de mission.

Alors la veille de ce dimanche, la soirée s’est mise à ressembler à un samedi. On s’est attardé sur le pont arrière, on a papoté, on a même chanté, Aurélien, le Second, excellant à la guitare. À 23h, on était encore debout, et pas pour un tour de quart, ce qui là aussi est exceptionnel.

Je m’aperçois soudainement que je n’ai jamais parlé des moments de détente dont nous profitons à bord. La science, les manips et les manœuvres nous transportent assurément , mais enfin l’on ne vit pas que d’eau fraîche. On papote, beaucoup, à la cafète, lors des repas. On peut bronzer le temps d’une sieste sur le pont avant. Il y a aussi une petite salle de sport, aménagée sur le pont 2, grâce à laquelle on peut courir, faire du vélo et un peu d’abdos. On trouve même une piscine artisanale (fort bien faite), judicieusement posée face à la mer, de plus de 5 mètres carrés. Il suffit alors de vous ceindre la taille d’une petite ceinture reliée à l’un des montants pour faire des longueurs à l’infini.

Le moment de convivialité le plus couru à bord reste celui de l’avant-dîner. Tous, équipes confondues, nous nous retrouvons sur le pont arrière, au grand air. Pour se rafraîchir. Et pour profiter du soleil de la fin de journée.

Pascal et Thomas, sitôt arrivés, ont trouvé le moyen d’allier plaisir et travail. Ils ont en effet profité d’une sortie en zodiac, pour embarquer avec le matériel de prise de son. Ils ont capté une conversation de dauphins, ceux-là même que l’on a sûrement vu ensuite. On reprend d’ailleurs pour les quelques jours qui nous restent notre série de cartes postales sonores. Que vous trouverez sur ce blog, et qu’il vous faut écouter au casque. Ce sont des enregistrements réalisés par Pascal à l’aide d’un dispositif très perfectionné. Entre autres, en reproduisant l’anatomie d’une tête humaine et de ses deux oreilles. On capte ainsi une matière sonore très en relief, un son « en trois dimensions », qui donne à celui qui l’écoute une sensation d’immersion totale. Aussi pour finir cette journée, voici de quoi, après ces quelques lignes, vous faire partager l’atmosphère du pont 3. A vos casques.

Carte postale sonore 3D #7- Victor 6000 

Kartenn post heglev #7 – Victor 6000

Crédit photo & iconographie: Victor 6000, Audrey Mat, David Wahl, Jozée Sarrazin, Thomas Cloarec et Jérôme Blandin.