search instagram arrow-down
Teatr Piba

ARCHIVES

« Menez Gwen ». En breton, « la montagne blanche ». Voilà qui résonne comme un avant-goût du retour pour les nombreux Brestois du bord. C’est la toute dernière plongée de notre voyage. Ce site a été découvert au milieu des années 90 par un géologue d’Ifremer. Il est beaucoup moins profond que Lucky Strike, 800 mètres sous la surface. Du coup, il est plus riche en biodiversité. Dès la descente de Victor dans la colonne d’eau, nos yeux se réjouissent. Poissons, crevettes, méduses bioluminescentes… la vie explose ici en formes diverses et variées. On touche le fond. Victor se promène. Le prélèvement des moules est rapide. Des crabes géants, rose bébé, évoluent dans la moulière. On a peur de les blesser. On éloigne d’eux la pinces de Victor. Les crabes ne partagent pas notre crainte. Ils ont très vite compris qu’en prélevant des moules, on en brisait certaines qui retombaient ouvertes sur le fond. Alors ils nous collent. Et n’attendent même pas qu’on dégage pour se mettre à table. La petite bête ne craint pas la grosse. C’est la morale du jour.

1-26 juillet

François dégage du temps pour l’exploration de nouvelles zones. Dans le conteneur ROV, Ana prend les commandes. Pour une biologiste, cet endroit, c’est vraiment le paradis. Thomas est de quart, il a de la chance. Je le rejoins. On distingue une immense forêt de coraux froids. Ana se fait notre guide parmi les roches fleuries. Là des Madrepora orangées, coupant comme des rasoirs, un Lophelia rose… Ana pousse soudain un soupir de plaisir. Sur l’écran elle pointe du doigt une branche de corail de couleur rouille, à base sombre, très fine, remuant dans les courants, un peu comme un pin maritime sous la brise : un corail noir, une espèce très protégée. Il pousse de 0,1 millimètre par an ! Celui que l’on contemple doit compter au moins 600 printemps. On sait, en entendant cela, qu’on a de nouveau basculé dans l’autre monde. Brusquement d’ailleurs, quelque chose d’étrange apparaît sur nos écrans. La caméra de Victor zoome sur une forme pas possible. Nous on se redresse dans nos fauteuils, la tête en avant, les yeux braqués. Thomas, qui rêvait d’un casse-croûte et se préparait à chaparder une tablette de chocolat, en oublie même sa faim. S’échappant des rochers, une sorte de tentacule violette et translucide, longue de près d’un mètre et d’assez fort diamètre, ondoie dans les eaux. On dirait la langue d’un immense animal caché sous les rochers. Attendant qu’une proie s’approche pour se révéler tout entier. La taille met le doute chez nos scientifiques. Qu’est ce que cela peut bien être ? Ana tranche, c’est un pyrosome. Un pyrosome, c’est un polyorganisme. Je développe un peu. Le tube que l’on voit est en fait une « tunique », c’est-à-dire, un support organique, un peu comme un navire ou un vaisseau spatial, qui abrite une colonie de milliers de petits individus microscopiques appelés « zoïdes ». Grâce à cela, ils se déplacent dans les colonnes d’eau. Celui que l’on a sous les yeux, et qui nous semblait si grand, et en vérité de taille assez modeste. On peut rencontrer des pyrosomes dépassant les 12 mètres de long. C’est bien joli, et surtout bien bizarre comme on aime. Des êtres accrochés à leur véhicule organique.

2-26 juillet

En surface, on s’active. On dégage le pont arrière. On installe un barbecue. Ce soir, c’est le pot du chef de mission. Pour fêter la réussite, pour marquer la fin. Pierre-Marie est ému. On l’est tous aussi. Il a été un chef de mission sensas. Toujours le sourire aux lèvres, une bonne humeur à l’épreuve de la fatigue et des impondérables, trouvant sans cesse une solution adéquate aux nombreuses nécessités de chacun. Et ça c’est pas toujours facile.

On place le barbecue à l’arrière du bateau, avec vue sur le large. Le feu est allumé, on y jette des pavés de thon et des merguez. Un feu de joie. La nuit tombe, on rigole bien. On retrouve les réflexes du passé. Le monde des hommes se rapproche.

2-26 juillet

Crédit photo & iconographie: Victor 6000, Audrey Mat, David Wahl, Jozée Sarrazin, Thomas Cloarec et Jérôme Blandin.

Votre commentaire
Your email address will not be published. Required fields are marked *

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :